Être parent est une sacrée aventure ! Merveilleuse et épuisante, tant cela réclame une faculté d’adaptation constante pour relever les défis quotidiens auxquels vous n’étiez pas préparé. Le bagage dont disposent les jeunes parents repose souvent sur l’éducation qu’ils ont reçue. Une méthode d’antan qui prônait une autorité parentale sévère, des interdits et des fessées.
Ce vécu, vous n’avez pas envie de le reproduire. À vrai dire, l’éducation bienveillante vous séduit. Cependant, ses principes vous semblent compliqués à appliquer.
Maintenant, nous avons une bonne nouvelle pour vous. Cet article répond aux questions que vous pourriez vous posez pour éduquer avec bienveillance.
Elle se définit comme étant un accompagnement éducatif basé sur la non-violence, l’écoute active, la communication ouverte et le respect des besoins de chacun. Également qualifiée de parentalité bienveillante, d’éducation respectueuse ou encore de discipline positive, elle s’appuie sur des principes de bienveillance, de soutien et de confiance. Quand les enfants et les adolescents grandissent dans un environnement considérant leurs besoins émotionnels et psychologiques, alors leur développement et leur épanouissement s’avère optimal.
Nous vous proposons un voyage dans le temps, à la fin du XIXe siècle, en Autriche, à la rencontre de deux psychologues.
Élève de Freud, dont il est un fervent admirateur, Adler est neurologue et psychologue. Dès 1902, il participe aux réunions que le psychanalyste de renom organise à son domicile et à la fondation de la Société Psychanalytique de Vienne.
Fondateur de la Psychologie Individuelle, Adler analyse les comportements humains sous leurs dimensions normales et pathologiques, en s’intéressant notamment au sentiment d’infériorité. Son travail souligne l’importance de nourrir les sentiments d’appartenance, de valorisation et d’égalité sociale.
Il fut le premier praticien à mettre en place des thérapies de groupe et familiale, ainsi que des consultations psychopédagogiques dans les écoles.
Psychiatre et enseignant originaire de Vienne, Dreikurs collabore avec Alfred Adler. Ensemble, ils développent des cliniques pour soigner les enfants vulnérables socialement, les alcooliques et les psychopathes.
L’année du décès de Adler, en 1937, il émigre aux États-Unis. Il y enseigne la psychiatrie et développe le système de psychologie individuelle de son comparse en une méthode pragmatique scolaire. Celle-ci vise à comprendre les objectifs des comportements exacerbés des enfants et à stimuler la coopération, sans punir, ni recourir au système de récompenses.
Adler et Dreikurs croyaient fermement que l’encouragement était essentiel à l’amélioration du comportement et des relations humaines. Leur hypothèse première repose sur le fait que le comportement humain n’est pas prédéterminé par la génétique, ni le résultat de forces extérieures indépendantes de notre volonté. Ils soutenaient qu’il est le résultat d’une recherche d’appartenance au sein d’un cadre social. Ainsi, encourager autrui est directement corrélé à l’amélioration de son comportement.
Dreikurs ne considérait pas la punition comme un moyen de discipline efficace, la considérant comme humiliante et offensante. Pour la remplacer, il défend une approche positive incitant l’enfant à prendre conscience de ses comportements et à devenir responsable des conséquences naturelles.
Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple d’un bambin qui se balance sur sa chaise. Plutôt que de le menacer d’une sanction s’il chute de sa chaise, prévenez-le que cette chute risque de le blesser. Lorsqu’il chutera, l’embarras et la blessure seront les répercussions naturelles de son mauvais comportement, qu’il ne sera pas enclin à renouveler.
Poursuivons cette présentation en mettant deux femmes à l’honneur : Maria Montessori et Emmi Pikler.
La docteure en médecine italienne, Maria Montessori, conçoit une méthode pédagogique, à la fin du XIXe siècle, désormais mondialement connue et dispensée dans les « Maisons des Enfants ».
Cinq mots résument la pédagogie Montessori : « accompagne-moi à faire seul ». En effet, l’épanouissement de l’enfant est au centre de l’apprentissage. Les démarches personnelles sont encouragées et un matériel pédagogique permet le développement de l’autonomie et de la réflexion.
Retrouvez à ce sujet, notre article sur l’éducation positive façon Montessori.
Emmi Pikler, pédiatre autrichienne, exerce sa profession à Budapest, en Hongrie. C’est dans cette ville qu’elle fonde une pouponnière qui accueille les orphelins et les enfants abandonnés. Elle développe alors ses travaux sur le développement moteur des petits de 0 à 3 ans, desquels elle dégage la notion de « motricité libre ou autonome ». Selon Pikler, la liberté et le respect de l’autonomie de l’enfant sont essentiels pour son apprentissage. Cela l’incite à gagner en indépendance et en assurance, à construire sa personnalité et à grandir dans un environnement rassurant et stimulant.
Quatre figures phares incarnent la parentalité positive :
Née en 1908, dans une famille bourgeoise stricte et monarchiste, la jeune Françoise développe très tôt une curiosité insatiable pour le monde des grandes personnes. Elle devient médecin, malgré l’opposition maternelle et s’installe en pédiatrie. Elle se singularise par son approche empathique et communicative avec les enfants.
L’influence de son vécu durant son enfance (décès de son oncle et de sa sœur aînée, éducation stricte dénuée d’amour maternel) nourrit son expérimentation psychanalytique et ses théories sur l’importance de parler aux enfants de leurs expériences et émotions.
Dolto croit fermement que même les bébés doivent être considérés comme des individus, ayant une intelligence et une compréhension du monde comparable à celle des adultes. Elle s’oppose aux étiquettes psychiatriques rigides et prône un apprentissage de la vie plus humain et préventif, estimant que les problèmes détectés tôt chez l’enfant sont plus faciles à traiter.
Auteure de plusieurs ouvrages, dont le renommé « J’ai tout essayé », la psychothérapeute et formatrice est assurément la figure la plus médiatique de l’éducation positive. Son approche se concentre sur les émotions de l’enfant. Mieux les comprendre est la clé pour désamorcer les crises. En effet, derrière les colères, les conduites agressives ou oppositionnelles se cachent souvent un mal-être que l’enfant ne peut autrement exprimer.
Pédiatre, fervente militante contre les violences éducatives et auteure du best-seller « Pour une enfance heureuse », Gueguen est reconnue comme l’une des voix de la parentalité bienveillante. Experte en soutien parental, haptonomie et communication non violente, elle organise des conférences et anime des groupes de travail pour les professionnels de la petite enfance. À travers ses livres, ses conférences, ses apparitions télévisées, elle explique le comportement de nos enfants à la lumière des neurosciences.
Véritable couteau suisse de l’éducation positive, cette femme a dédié sa carrière au lien parent enfant, depuis plus de vingt ans. D’abord, comme consultante familiale, puis éducatrice Montessori, elle invente, en 1995, le premier atelier de formation pour parents. En 2003, elle initie la journée de la non-violence éducative (le 30 avril).
Dumonteil-Kremer a créé le concept de parentalité créative autour duquel elle dispense de nombreux ateliers et formations. En parallèle, elle lance PEPS, le magazine de la parentalité bienveillante, pour lequel elle officie comme rédactrice en chef.
Connaissez-vous la racine du terme « autorité » ? Elle provient du latin « auctoritas ». L’auctoritas romaine était propre au Sénat, lequel ne pouvait pas prendre de décisions ou exécuter des actions, contrairement à la « potestas », qui représentait le pouvoir et la force imposée au peuple. Il est intéressant de constater qu’initialement l’autorité s’exerçait sans la force du pouvoir.
De ce terme latin « auctoritas » découle le verbe « augeo » qui signifie croître, se développer, renforcer.
Cela se rapproche vraiment des pratiques de l’autorité parentale préconisée en éducation bienveillante, à savoir : éduquer en fixant des règles claires à respecter et à apprendre à dire « non » autrement.
Fi de l’obéissance aveugle, des sanctions, de la brutalité, de la peur et des menaces, qui engendrent les conflits récurrents et une ambiance familiale sinistre.
Selon Isabelle Filliozat : « Un ordre donne envie de le transgresser. Les sentiments inspirent le respect. »
Impliquer l’enfant dans la construction des lignes de conduite tout en expliquant leur bien-fondé, lui permet de s’autodiscipliner. Grâce à cette approche, le rapport de force pour se faire obéir se transforme en relation coopérative. L’enfant comprend que ces consignes existent pour l’aider à faire les bons choix et à le sécuriser.
Se placer dans la posture de l’autre permet d’expérimenter son vécu et ses émotions. Pour écouter, comprendre les défis d’un enfant et lui fournir un soutien émotionnel, il faut se mettre à sa hauteur (au sens propre et figuré).
L’empathie « cognitive » (je comprends ton attitude) et affective (je ressens ce que tu ressens) ne signifie pas devenir un parent « guimauve ». Entendez par là, que cette empathie ne doit pas submerger l’adulte de pensées culpabilisantes, ni inhiber son attitude parentale lorsqu’il doit faire preuve de fermeté.
Il s’agit d’instaurer une relation équilibrée et bienveillante entre parents et enfants. La considération réciproque s’appuie sur le principe que les parents respectent les émotions, les opinions et les besoins de l’enfant, tout en lui enseignant à respecter les limites et les directives établies.
Ce respect mutuel se manifeste par une communication ouverte, où chacun écoute et considère l’avis de l’autre. Lorsque l’adulte montre l’exemple en traitant l’enfant avec dignité, ce dernier adopte un comportement similaire.
Ce cadre respectueux contribue à une meilleure harmonie familiale, et renforce l’estime de soi de l’enfant.